Les rites funéraires à l'époque de l'Empire Romain


 

Les rituels funéraires que l'on connaît aujourd'hui, à travers le monde, sont tous issus de rituels ancestraux. Dans le monde occidental, nos rites actuels sont fortement inspirés par les traditions funéraires de la Religion Romaine.

A savoir que l'on soit croyant - de n'importe quelle confession - ou non, ces rites ont tous des origines religieuses.

Ceci est un secret pour personne : le peuple Romain était une population très superstitieuse. D'ailleurs la religion était très ancrée dans les esprits. Il n'y a qu'à penser à la liste des divinités qui sont très nombreuses et dont chacune représente des faits naturels ou bien des émotions. Et les funérailles ont également une Divinité : Libitina. C'est à partir de ce nom divin que les personnes chargées des opérations funéraires sous l'Empire Romain tirent leur appellation : les Libitinarii.

Chez les Romains, il était très important de suivre un processus très précis du rituel funéraire. Cette justesse dans l'exécution du déroulement de la cérémonie permettait, selon leurs croyances, d'obtenir une vie après la mort. C'est un point essentiel à souligner pour comprendre ce déroulement funèbre chez les Romains qui, de ce fait, est très axé sur des symboliques.

Dans la religion Romaine, des incinérations et des crémations étaient réalisées. Toutefois, c'est vers le Vème siècle avant Jésus-Christ que la crémation va s'imposer comme étant le type d'obsèques le plus répandu. D'ailleurs, la crémation devient le type d'obsèques destiné à la Plèbe et aux Patriciens alors que les esclaves sont, eux, inhumés dans des fausses communes... sans cérémonie. L'obligation d'être incinéré est même inscrite dans la Loi des Douze-Tables, premier corpus de lois romaines.  

Loi des Douze Tables

Il s'agit du premier corpus de loi romaines écrites. Il a été rédigé entre 451 et 449 avant Jésus-Christ. L'existence de ces toutes premières Lois écrites représente une certaine révolution dans le Droit puisque ce corpus marque une sorte de laïcisation du droit romain. Pour information, les lois étaient, auparavant, érigées oralement.

Le principal objectif de cette rédaction était de mettre fin aux conflits opposant la Plèbe et les Patriciens. En effet, l'ius oral pratiqué avant était souvent considéré comme étant arbitraire et généralement en faveur des "bonnes familles". Ce n'est donc pas une surprise de voir les Patriciens aller à l'encontre de l'élaboration de la Loi des Douze-Tables.

 
A titre informatif, cette tendance s'est inversée au moment de la montée du Monothéisme avec la naissance et l'instauration des religions Judéo-chrétiennes au détriment des croyances polythéistes. L'extinction de la crémation s'est déroulée au Vème siècle après Jésus-Christ. Le "bûcher" étant réservé aux "impies". Aujourd'hui, la crémation est presque autant demandée que l'inhumation en France.

L'exposition de la dépouille

Différenciation entre Plébéien et Patricien

Comme il a été souligné précédemment, le statut social du défunt (et de sa famille) était un facteur très important dans le rituel funéraire du temps des Romains. Suite au décès, la première étape du rite funéraire était l'exposition du corps au public avant qu'il ne soit incinéré. Si le défunt était un patricien (personne faisant naturellement partie de la classe supérieure et ayant un rôle politique ou religieux), sa dépouille était exposée plusieurs jours au public pour que le deuil s'installe et que des témoignages de respect soient faits à la famille endeuillée. Au contraire, si le défunt était un plébéien (personne du peuple dont le rang est inférieur aux patriciens mais supérieur aux esclaves), sa dépouille n'était exposée qu'une journée pour être incinérée au lendemain de son décès. A noter que dans le cas du décès d'un plébéien, sa dépouille n'était exposée que dans le cercle familial.

Un rite funéraire précis pour un "bon" séjour

Lors de cette exposition au public ou dans le cercle familial, la dépouille devait subir un rite très précis. Tout d'abord, ses yeux devaient être fermés puis un proche l'embrassait pour aspirer son dernier soupir. Quand celui-ci était donné, le conclamatio était proclamé. Il s'agissait alors d'appeler la Mort à trois reprises dans des intervalles réguliers. S'ensuivait la toilette de la dépouille puis l'exposition sur le lit funéraire fleuri. Sur la bouche du défunt, une pièce de monnaie était posée afin de payer "le nocher des Enfers", Charon, qui était chargé de faire passer les ombres errantes des défunts vers le séjour des Morts en traversant le fleuve Styx.

La dépouille en direction de la nécropole

Un cortège pas lavé

De préférence, c'est la nuit que la dépouille était déplacée de son lit funéraire à la nécropole pour être incinérée. Ce processus était effectué de nuit pour éviter de quelconques débordements de foule si les obsèques concernaient une personne publique.

Les dépouilles des défunts sont conduites en-dehors de la ville des vivants pour rejoindre le bûcher. Le cortège pouvait chanter et devait être vêtu de manière très modeste voire même évité d'être lavé.

Un cortège funéraire du temps de l'Empire Romain

Gravure d'un cortège funèbre du temps de l'Empire Romain. On peut voir que le corps du défunt repose sur un lit funéraire porté très certainement par les esclaves de cette personne issue d'une famille de Patriciens. Des hommes jouent de la musique, d'autres dansent.


L'incinération

La dépouille était déposée sur le bûcher et la crémation pouvait commencer. Des offrandes (nourriture ou bien objets chers au défunt) pouvaient être jetées sur sa dépouille. Une fois l'incinération terminée, la femme la plus proche du défunt (sa mère ou à défaut son épouse) devait mouiller les cendres à l'aide de vin. Les os sont également lavés et le reste de la dépouille est placé dans une urne cinéraire.

Par la suite, un emplacement dans cette nécropole était dédié au défunt pour un recueillement durant plusieurs jours après son incinération.

Une qualité d'incinération différente

La grande différence entre les défunts plébéiens et patriciens concerne le cortège mais également la qualité de l'incinération. Dans un premier temps, le cortège pour les patriciens était beaucoup plus mis en valeur, plus animé (avec des musiciens, etc.). Les cendres se devaient, elles, d'être blanches et très fines. Pour les plébéiens, les restes pouvaient contenir des ossements. En réalité, cette différenciation qualitative symbolisait la bonne traversée du Styx de l'enveloppe charnelle du défunt.

Les différents sépultures du temps des Romains

Garder la ville pure

Les crémations du temps des Romains n'empêchaient pas que les restes des défunts soient exposés pour de futurs recueillements de la famille et des proches.

Contrairement à aujourd'hui, ces lieux de recueillement n'étaient au coeur de la ville. Ces cimetières ancestraux, nécropoles, étaient donc en-dehors de la ville pour la garder pure et seulement accessible aux vivants.

D'immenses tombeaux

Ces nécropoles étaient composées de tombeaux qui étaient principalement destinés aux défunts les plus riches. Sur ces tombeaux, la silhouette du défunt pouvait être gravée. Certains de ces tombeaux pouvaient être de véritables édifices aussi grands qu'une maison actuelle.

 Mausolée d'Auguste à Rome    Mausolée d'Hadrien à Rome


De gauche à droite : Le mausolée du premier Empereur romain, Auguste, construit pour lui-même et sa famille. Le mausolée de l'Empereur Hadrien, réputé pour son côté pacifique, est également connu sous le nom du Château Saint-Ange.


 

Ces cimetières n'étaient pas du tout fermés mais étaient, au contraire, placés le long des routes menant hors de la ville de Rome.

Urne-cabane de l'époque RomaineDes pierres tombales semblables aux tombes actuelles

Le type de sépulture moindre que les tombeaux est la pierre tombale. Dans les cimetières du temps des Romains, les pierres tombales étaient très nombreuses. Ressemblant étrangement aux tombes actuelles, les tailles des pierres tombales ancestrales dépendaient de l'importance du défunt. Elles pouvaient également être ornées de gravures et sculptures.

L'urne-cabane

Le dernier type de sépulture a été rapidement abandonné lors du développement de Rome. Il s'agissait des urnes cabanes (photo ci-contre). Celle-ci étaient composées d'un toit de chaume et ressemblaient à des sortes de huttes. Les cendres du défunt étaient placées à l'intérieur.


Crédits visuels de l'article :

  • Crédits image principale : "Rome Skyline" par Bert Kaufmann sur Flickr / Modification : recadrage
  • Crédits image premier mausolée : "Rome" par Russell Yarwood sur Flickr
  • Crédits image seconde mausolée : "Castle Sant'Angelo (Rome, Italy)" par Stefano Costantini sur Flickr