Les Cérémonies civiles

Les Cérémonies civiles Les Cérémonies civiles

Les mœurs de nos sociétés modernes ont considérablement évolué depuis ces dernières décennies. La mort devient la grande absente du paysage social.

On ne meurt plus chez soi entouré de ses proches mais généralement seul et à l’hôpital; on ne porte plus le deuil : au mieux quelques jours de congé nous sont accordés, mais après il faut retourner au travail et se comporter de façon tout à fait normale envers ses collègues. En Île-de-France, moins d’un décès sur deux passe maintenant par un lieu de culte : les personnes ne souhaitent rien pour leur funérailles ce qui laisse la famille et les pompes funèbres dans un flou considérable qu’ils sont obligés de pallier.

Nous nous retrouvons donc face à une absence de rite ce qui implique un manque de soutien aux endeuillés et une non-reconnaissance sociale du défunt et du deuil. Il s’agit donc, pour les entrepreneurs de pompes funèbres, de mettre tout de même en place un rituel d’adieu : une belle cérémonie qui soit la plus proche possible du défunt. Pour cela, il faut investir la famille dans les funérailles, c’est-à-dire lui demander de rédiger ou lui proposer un texte en rapport avec l’activité de la personne disparue ou ce qu’elle aimait, des musiques également personnalisées, et surtout un temps pour dire adieu que ce soit au crématorium ou au cimetière avant l’inhumation. Il peut également s’agir de créer de nouveaux gestes pour marquer l’absence, comme par exemple déposer un caillou ou une fleur sur le cercueil avant la mise en terre, faire se tenir la main à toute l’assemblée pour un dernier hommage, etc. Les innovations sont alors les bienvenues car, bien souvent, les familles n’osent pas faire part de leurs souhaits réels et elles attendent que le maître de cérémonie fasse ou propose quelque chose. La cérémonie doit laisser aux endeuillés un lot de souvenirs apaisés et partageables plus tard, en mémoire du disparu.

Une cérémonie civile se déroule donc généralement en trois temps

D’abord un moment de recueillement à l’unisson où l’on recherchera des éléments cérémoniels plutôt consensuels qu’originaux; l’adieu se dit par des paroles, des témoignages de ce que fut le défunt, des évocations musicales, des poèmes, éventuellement la présentation d’objets très significatifs lui ayant appartenu (outils, instruments de musique, etc.) et des émotions partagées (rires ou larmes). Il s’agit d’un moment dont la solennité est tangible dans la place donnée à une certaine lenteur, une sobriété des gestes. Dans ces moments, rares sont ceux qui se sentent capables d’improviser un petit discours. Une telle cérémonie doit donc être préparée à l’avance avec des représentants de la famille. Certains pourront également, le jour venu, organiser le déroulement de la cérémonie (ou désigner quelqu’un de leur entourage pour occuper cette position), d’autres la délégueront à l’entreprise de pompes funèbres. Quelle que soit l’option choisie, il importe que les proches du défunt puissent se sentir actifs dans l’organisation et le déroulement de la cérémonie et non dépossédés. Cette partie de la cérémonie est le moment où les vivants et le défunt sont rassemblés une dernière fois.

Vient le temps de la séparation avec la mise à la fosse ou à la flamme du cercueil.

En prévision du désir de certains de venir se recueillir plus tard ou d’entretenir un lieu de mémoire, une tombe ou un columbarium sont d’un accès plus aisé qu’un arbre dans un massif forestier, par exemple. Ils ont un autre avantage, c’est de « neutraliser » le mort, de circonscrire sa négativité dans un lieu spécialisé (le cimetière). Combien d’endeuillés ne peuvent plus se baigner dans la mer car c’est l’endroit où ont été dispersées les cendres de leur parent ?

Un troisième temps intervient dans la cérémonie

Généralement, il se matérialise dans un autre lieu : celui où les participants vont se retrouver entre eux autour d’un repas ou d’une collation. Il permet de clôturer la cérémonie en opérant une transition en douceur vers le temps et le monde ordinaires. C’est aussi le moment où l’on peut évoquer des moments plus gais de la vie du défunt, des souvenirs heureux, échanger des confidences à son sujet, sans compter les liens que l’on peut alors renouer avec des membres de la famille ou des personnes perdues de vue.

Le mot d’ordre d’une cérémonie civile réussie : la personnalisation.