La fête des crânes en Bolivie

La fête des crânes, appelée en Bolivie festividad de las Ñatitas (ou Niatitas autrement dit la fête des nez aplatis en espagnol), est une manifestation devenue populaire. Célébrée une semaine après la Toussaint, le 8 novembre, elle peut sembler étrange voire macabre pour nos esprits peu habitués à de telles coutumes. Néanmoins, la fête des crânes a pour objectif non seulement d’arborer publiquement des têtes de morts mais également de rendre hommage aux défunts et de provoquer la chance pour le reste de l’année.

Une fête populaire

Alors qu’ils commémorent le 2 novembre la fête des morts de l’église catholique, les boliviens participent, une semaine après la Toussaint, à une autre fête liée aux défunts : la fête des crânes - la festividad de las Ñatitas (les nez aplatis). À cette occasion, les habitants se réunissent dans un premier temps au cimetière ou à la chapelle. Ils viennent alors rendre hommage aux défunts… avec « leurs » têtes de morts. En effet, les habitants exhibent publiquement les crânes de ceux qui faisaient partie de leur famille ou d’autres têtes de morts dont ils sont « propriétaires » le reste de l’année et à qui ils ont affublés un prénom.

Les boliviens gardent les crânes de leur anciens ou ceux qu’on leur a offert afin d’exaucer leurs vœux durant l’année. Mis dans des autels en bois ou en verre, ayant leur propre espace (chambre…), ils sont censés provoquer la chance. Les boliviens leur prêtent des vertus miraculeuses.

Pour la fête des crânes, les boliviens exhibent dans la rue leurs têtes de morts ; elles sont alors recouvertes de couronnes de fleurs, couvertes d’un bonnet, portent des lunettes de voue ou de soleil et fument même des cigarettes. Des offrandes comme des feuilles de coca (souvent mis dans la mâchoire) ou de verres d’alcool sont proposés aux crânes. De l’encens est brûlé à leurs côtés et de la musique est jouée pour célébrer les crânes !

Un héritage précolombien

fete des cranes Bolivie DR

Ainsi, les corps reposent en paix dans les cimetières et les âmes demeurent avec les vivants. Car selon les croyances, les âmes ou les esprits, ajayu dans la langue aymara, vivent encore à travers les crânes des défunts.

Cette tradition antique semble provenir des rites précolombiens, même si la date de ses débuts n’est pas précisément définie. Les habitant de la Bolivie avant d’être colonisés par les espagnols, aimaient déjà célébrer les Chullpas, les restes des dépouilles des dignitaires de l’empire inca, les curacas, qu’ils exhibaient lors de la fête des morts. Les Chullpas désignent également les tours funéraires construites pour abriter les corps momifiés et enterrés en position fœtale. Une ouverture vers l’Est laisse entrer le soleil pour faire renaitre l’âme du défunt.

Aujourd’hui les cimetières boliviens sont composés de constructions murales où les tombes sont comme des cases de columbarium, à la différence que les corps y sont disposés en entier, comme pour un enfeu. Ces cases vitrées disposent d’un petit autel pour y poser les offrandes, fleurs et boissons. Il est alors de tradition au bout de quelques années de récupérer le crâne du défunt alors que le reste du corps est crématisé. Les crânes sont alors gardés et conservées à la maison où ils sont honorés tout au long de l’année pour apporter bonne santé et réussite. La fête des crânes est alors l’occasion de rendre un hommage public aux défunts en les remerciant de ce qu’ils ont offert aux vivants durant l’année.

L’église catholique ne voit pas d’un bon œil cette célébration car elle ne conçoit pas la séparation entre le corps et l’âme. Malgré tout, la fête des crânes ayant acquis une grande popularité au fil des ans, elle ne peut s’y opposer et doit faire contre mauvaise fortune bon cœur.


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