La SNSM et la dispersion des cendres

Aujourd'hui, une bonne partie des personnes qui ont souhaité une crémation lors de leurs obsèques ont également émis le souhait que leurs cendres soient dispersées en pleine nature. Ces dispersions sont diverses. Elles peuvent avoir lieu dans des lieux symboliques ou bien encore en pleine mer. C'est d'ailleurs au large des côtes françaises que s'ouvre un nouveau débat.

Disperser les cendres d'un proche en pleine mer n'est pas un acte aussi facile qu'il y paraît. La loi en vigueur exige qu'une dispersion des cendres soit effectuée à au moins 300 mètres des côtes. S'il s'agit d'une immersion de l'urne, cette dernière doit être confectionnée dans un matériau biodégradable et la cérémonie doit se dérouler à au moins 3 milles nautiques (environ 5 kilomètres) des côtes.

Entre 200 et 300 euros la dispersion des cendres par la SNSM

Ces obligations légales forcent les familles endeuillées à demander de l'aide à des professionnels. En France, ce sont les sauveteurs de la Société Nationale de Sauvetage en Mer (SNSM) qui ont le plus de demandes pour disperser les cendres des défunts en pleine mer. L'association française dirigée par les Centres Régionaux Opérationnels de Surveillance et de Sauvetage (CROSS) propose donc ce service aux familles endeuillées. Toutefois, ce dernier n'est pas gratuit. En général, il faut compter entre 200 et 300 euros pour une dispersion de cendres effectuée par les sauveteurs de la SNSM.

Bien que ce service soit très fortement apprécié des familles ayant perdu un proche, les sauveteurs, eux, voient en ces multiples demandes hebdomadaires une activité créant un déficit budgétaire. Les sauveteurs de la SNSM de La Rochelle ont ouvert le débat. Avec le projet de la réforme territoriale, les ressources d'investissement de la SNSM baisseraient de 25%. Cette baisse financière est problématique puisque le remplacement des canots de sauvetage et des vedettes en mauvais état en serait limité. Un comble pour une association sauvant des vies.

"Ne pas devenir une entreprise de pompes funèbres à bas coût"

Les régions voyant en les dispersions des cendres un moyen d'étendre l'activité de la SNSM, les préfectures demandent aux bénévoles de l'association de sauvetage d'accepter encore plus de services de ce type afin de compenser les pertes dues à la diminution budgétaire. Une fausse solution selon le président de la SNSM de La Rochelle, François Chédebois, au micro de France Télévisions : "300 euros, c'est inférieur au coût réel de la mise à l'eau d'une vedette ou d'un canot. [...] Et puis notre mission c'est d'abord de sauver des vies."

Les mots du président de la SNSM de La Rochelle peuvent paraître directs et peu enclins à l'empathie envers les familles endeuillées et les défunts, mais ces termes traduisent une grande inquiétude de la part des bénévoles : "Ne plus avoir assez de temps pour intervenir sur les urgences et les sauvetages, de devenir en quelque sorte une entreprise de pompes funèbres à bas coût" soulignait Bernard Dussol dans son article sur le site de France 3 Région Poitou-Charentes.

Pour rappel, la Société Nationale de Sauvetage en Mer est reconnue d'utilité publique. Fondée en 1967 par l'Amiral Maurice Amman, elle a vu le jour suite à de nombreux indicents survenus en pleine mer. Avec des milliers d'interventions chaque année, la SNSM a développé ses activités et présente, aujourd'hui, trois fonctions principales : le sauvetage au large, la prévention des risques nautiques et la formation des nageurs sauveteurs saisonniers. À noter que le budget de cette association provient des dons et des subventions publiques. Il est possible de faire des dons sur le site de la SNSM.