Le don d'organes à la science et le deuil des familles

"close up of man hands with heart" par dolgachov sur Stocklib / Modifcation : recadrage "close up of man hands with heart" par dolgachov sur Stocklib / Modifcation : recadrage

Être donneur d’organes au moment de son décès peut s’apparenter à souhaiter que son corps soit incinéré. Cette équivalence tient simplement au fait que cette décision est généralement mal comprise par les proches et la famille du défunt. Toutefois, ce souhait de don à la science est souvent émis par la personne elle-même car il s’agit de son propre corps. « Détruire » le corps d’une tierce personne est souvent un frein dans ce genre de décision. 

Contrairement à la crémation, le taux du don d’organes est « moindre ». En France, ce seraient un peu plus de 2 600 défunts qui donnent leur accord pour alimenter les connaissances scientifiques. La question reste de savoir comment la famille peut-elle faire le deuil de cette disparition. Car, en effet, un corps qui devient sujet scientifique est considéré comme déchet anatomique à la fin des manipulations et les restes sont incinérés sans que la famille ne reçoive quoique ce soit.

 

La famille sans le corps du défunt

Le don du corps est la volonté de donner son corps à la médecine après sa mort pour que des équipes médicales puissent réaliser des travaux et des études anatomiques. Ces manipulations sont exercées afin d’aider à la recherche médicale et alimenter l’enseignement pour les différentes écoles de médecine. 

Après ces manipulations anatomiques, les corps font l’objet d’une crémation qui reste anonyme. Les cendres sont ensuite dispersées dans des espaces généralement dédiés aux donateurs par les soins de l’hôpital en question. Cet espace est le seul endroit où les familles peuvent venir se recueillir en mémoire de leur proche. 



En règle générale, les proches et la famille endeuillés ne reçoivent pas les cendres du défunt. L’Assistance Publique – Hôpitaux de Paris est l’une des rares institutions à retourner les cendres du défunt à la famille sur demande de ce dernier. Toutefois, dans ce cas c’est à la famille de prendre en charge les frais de l’urne et d’une possible cérémonie d’obsèques. 

Dans le cas d'un don d'organes pour une greffe

Il faut bien différencier le don d’organes à la science et le don d’organes pour une greffe. Dans le second cas, les prélèvements d’organes sont effectués dans un cadre chirurgicale identique à celui des personnes vivantes. Ainsi, toutes les incisions sont refermées et recouvertes d’un pansement. Après les diverses opérations, le corps est rendu habillé à la famille qui peut alors honorer la mémoire du défunt en respectant ses dernières volontés. 

 

Un deuil sans cérémonie ni lieu de recueillement


La volonté de donner son corps à la science peut être expliquée de diverses manières. La première étant celle   de faire avancer la science. En effet, un défunt qui était atteint d’une maladie génétique peut accepter de faire     don de ses organes pour aider à la recherche scientifique. D’autres personnes souhaiteront simplement aider     l’enseignement médical. 

Si le défunt a clairement précisé aux équipes médicales qu’il souhaitait faire don de ses organes avant son       décès par le biais d’un document écrit et signé de ses mains, les proches ne peuvent pas s’y opposer. Mais     ce n’est pas le fait même que le défunt ait fait don de ses organes qui dérange la plupart du temps. C’est tout   simplement le fait qu’aucune sépulture n’est érigée en la mémoire de leur proche disparu. 

Cimetière de 6ème kilomètre - Nouméa - CalédonieDe plus, quand le défunt n’avait évoqué sa volonté avec personne en matière de don d’organes, la décision doit être prise dans l’urgence par la famille après questionnement de l’équipe médicale.

La difficulté du deuil des proches et de la famille dans le cas d’un don d’organes est souvent incomprise et peu mise en valeur. Mais il existe un certain mal être des survivants lorsque le don doit subitement être choisi. 

Les familles se heurtent généralement à un mur après les travaux anatomiques. Ainsi, s’ils souhaitent une cérémonie religieuse en la mémoire de leur proche, certaines paroisses vont estimer que celle-ci ne peut pas être donnée puisqu’il n’y a pas de corps. Certaines réponses peuvent même être plus virulentes comme « On fait don de son corps à Dieu, pas à la science » explique Catherine Le Grand Sébille, anthropologue et coauteur de l’étude « Les morts sans corps ».

C’est donc deux absences qui s’accumulent : l’absence de la cérémonie et l’absence de sépulture.

Fort heureusement, des institutions comme le crématorium du Père-Lachaise honore la mémoire des défunts ayant fait don de leurs organes à la science. Pour partager le deuil et la mémoire de ces défunts, le crématorium du Père-Lachaise organise des cérémonies commémoratives tous les troisièmes samedis du mois de janvier et de septembre. Et cela tous les ans. Ainsi, les deux prochaines cérémonies auront lieu à 10h30 en salle de la Coupole les 19 septembre 2015 et 16 janvier 2016.

 

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Crédits visuels de l'article :
  • "close up of man hands with heart" par dolgachov sur Stocklib / Modifcation : recadrage
  • "Female Doctor Using Digital Tablet Talking with Patients" par stockbroker sur Stocklib 
  • Cimetière de 6ème kilomètre - Nouméa - Calédonie

 

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